La base d’un humus fertile
Si les micro-organismes construisent le sol, celui qui le cultive et le fait fructifier n’est pas l’homme, mais le « vers lombric ».
Ainsi que l’écrivait Darwin, « peu d’animaux ont joué un rôle aussi important dans l’histoire du monde que ces créatures peu organisées ». Et il conclut en disant ceci : « Tout l’humus de l’Angleterre est déjà passé et repassera de nombreuses fois dans le canal intestinal des vers. Dans son tractus digestif, le vers de terre incube d’énormes quantités de micro-organismes qui, dans les déjections, deviennent la base de l’humus fertile. »
C’est sans aucun doute l’allié le plus utile de l’homme dans sa lutte pour la survie, et pourtant l’agriculture dite «moderne » le maltraite cruellement.
Dans son livre « sol, herbe et cancer », le chercheur français André Voisin est l’un des premiers à faire observer que le vers de terre, en particulier le lombric gluant qui est le plus commun en Europe et aux Etats-Unis, est non seulement essentiel à une bonne agriculture, mais aussi constitue la base même de toute civilisation.
Voisin met ainsi en corrélation les civilisations humaines et la répartition sur le globe des vers de terre actifs dont il ne dénombre pas moins de trois mille espèces. Les vers de terre comptent parmi les plus anciens animaux terrestres.
Ils sont de plusieurs couleurs : brun, pourpre, rouge clair, et de toutes tailles : le plus petit mesure à peine deux centimètres et le plus grand, un géant australien, trois mètres.
Une civilisation complexe ne peut se développer sans que les besoins agricoles essentiels du peuple soient satisfaits et, en cela, les vers de terre sont indispensables.
Cet aspect n’a pas été négligé par le Ministre Américain de l’Agriculture qui en 1949, fit conduire des recherches en Egypte, dans la riche vallée du Nil, avant la construction du barrage d’Assouan. Le rapport indiqua que la grande fertilité du sol était due essentiellement au travail des vers de terre. On estima que pendant la période de croissance des vers (six mois par an), leurs excréments atteignaient, sur ces sols, le poids astronomique de 250 tonnes par hectare !
Un naturaliste anglais, Gilbert White, trente ans avant la naissance de Darwin, écrivait déjà :
« Les vers semblent être les grands promoteurs de la végétation, perforant et allégeant le sol, rendant accessible aux pluies et aux fibres des plantes, en y entraînant des pailles, des hampes de feuilles et des brindilles, et surtout en rejetant un nombre infini de morceaux de terre. Les déjections des vers, c’est un fumier très fin pour les céréales et l’herbe…Sans vers, la terre deviendrait rapidement froide, avec des mottes sans fermentation, donc stérile… »
Les vers de terre peuvent produire plus d’humus, en un temps très court et à moindre effort, que n’importe quelle autre méthode.
Ils avalent de la terre qu’ils expulsent en une multitude d’infimes particules liées par le fluide intestinal. On obtient ainsi une terre très fine qui constitue, en surface, une couche fertile.
Même lorsque la matière organique abonde, les vers consomment une grande quantité de terre. Ce mélange donne un humus riche, de texture parfaite, contenant plus d’éléments nutritifs pour les plantes que les matières dont il est dérivé.
Les déjections contiennent un pourcentage d’agrégats supérieur à celui du sol environnant. Ces agrégats sont constitués de particules de sable, d’argile et de limon, qui groupées en larges unités, confèrent au sol une structure analogue à celle de miettes de pain.
Les expériences ont montré que le drainage des sols renfermant des vers de terre est de quatre à dix fois plus rapide que celui des sols qui en sont dépourvus.
Réciproquement, dans des sols sableux légers où l’eau a tendance à s’écouler directement vers le sous sol, les agrégats produits par les déjections des vers tendent à améliorer la rétention de l’eau.
Les vers déterminent le sol, sa texture, sa fertilité et sa capacité à supporter tout ce qui vit, particulièrement les plantes, base de notre alimentation.
Ils mélangent, creusent des galeries, fertilisent, produisent de l’humus.
Il faut les nourrir, car ils prolifèrent proportionnellement à la quantité de matière organique incorporée dans le sol, ainsi que leurs « ancêtres » les micro-organismes producteurs d’humus.
Même le vers rouge de fumier « Eisenia Foetida » qui vit dans le tas de compost où il transforme le fumier animal, ne peut vivre sans un apport abondant de matière organique en décomposition.
Par contre, il faut éviter l’emploi de produits chimiques qui font disparaître les vers, sans pour autant pallier à leur absence.
Une fois encore, l’agrobiologie s’impose comme la seule technique qui sait protéger les éléments de base que sont l’humus, la vie microbienne et aussi les vers de terre, pour ensuite bénéficier de leurs bienfaits.
Un tas de bonnes raison pour apprendre à ne pas les détruire et utiliser des matières organiques qui ne les détruisent pas… C’est la raison pour laquelle, j’utilise des produits d’entretien qui respectent la vie microbienne du sol !